L’extrême gauche manipulée entre dans une autre dimension. Déjà que ses militants se faisaient protéger par les CRS lors des provocations contre les manifestants anti-mariage gay, mais à l’occasion des échauffourées de la place de la République du dimanche 29 novembre 2015, on a pu vérifier les pires soupçons qui planaient sur la gauchosphère.
- Affrontements entre forces de l’ordre et "black blocs" le 29 novembre à Paris, en marge de la COP21
D’abord, les « blacks blocs » sont entrés tranquillement et en tenue traditionnelle dans le champ d’action des forces de l’ordre, pour les affronter comme sur une ZAD. Nul doute que dans le tas, au milieu des infiltrés, il y avait des casseurs de flics. Toute la frustration sociale des marginaux élevés dans les batteries pédagogiques de l’extrême gauche s’exprime à travers la violence antiflics. C’est comme ça, ils préfèrent s’attaquer aux flics qu’aux banquiers. C’est normal, ils savent – inconsciemment – que les banquiers les soutiennent. Mais ça, c’est un marronnier.
Ce qui ne l’est pas, c’est la connivence très secrète entre les organisations de casseurs et le pouvoir socialiste. Dans ce conflit mis en scène au cœur de Paris, il semble que l’affrontement entre activistes pro-climat et pouvoir dit mondial permette à chacun de gagner des points. Les activistes entraînent une nouvelle génération de naïfs à former/manipuler en leur donnant un exutoire physique et social, tandis que le pouvoir affronte une opposition factice, facile à réprimer, devant les bonnes gens, qui ressentent ainsi le besoin de sécurité, assuré par un pouvoir imprenable. Le cocu de l’affaire, c’est évidemment le grand public crédule, qui tombe dans le panneau des deux comparses.
- La manifestation propalestinienne du 19 juillet 2014 à Barbès dégénère, avec une responsabilité du NPA
Le véritable anarchiste, on ne le soulignera jamais assez, c’est celui qui ne justifie aucune répression, qui ne cherche pas la répression, qui ne conduit pas à un durcissement du pouvoir. Or ce qui se passe est exactement le contraire. Les jeunes NPA ou autonomes servent donc à établir un pouvoir socialiste (ou autre, peu importe) répressif, tout en le dénonçant. Les socialistes, depuis longtemps « libéralisés » et répressifs sur ordre de leurs propres maîtres organisés sous forme d’un influent noyau dur, mais caché, entretiennent ainsi côté rue un noyau dur d’activistes faussement antisystème, chacun étant à l’autre sa justification.
Cela permet de voler littéralement la véritable opposition politique aux véritables opposants. Qui se retrouvent, comme par hasard, dénoncés par les deux blocs en question, dans une pince impitoyable, comprenant l’antifascisme d’en haut, et l’antifascisme d’en bas. C’est le trait d’union de la fausse opposition entre extrême gauche et libéral-socialisme. Voilà pourquoi et les officines soi-disant antifascistes (car subventionnées) et le puissant lobby qui dirige la France, travaillent de concert, en particulier contre E&R. Sinon, nous bénéficierions au moins de la solidarité naturelle des opposants.
Les forces de l’ordre, qui ne sont pas contre E&R – nous ne créons et n’appelons à aucun désordre, et encore moins à des actes violents – ne peuvent intervenir contre une option politique, voire philosophique. Le trouble à l’ordre public étant difficile à constituer dans ces conditions, c’est la partie juridique qui prend le relais, dans la palette de réponses répressives du pouvoir à notre vision des choses.
Jour après jour, événement après événement, le bon grain se sépare de l’ivraie, l’écart grandit entre les vrais partisans d’une information lucide et saine pour le peuple, et les faux opposants stipendiés par les sponsors du pouvoir. Soutenus politiquement (Élisabeth Guigou adore Olivier Besancenot), médiatiquement (Michel Drucker invite le même Besancenot, qui ne pèse rien électoralement, tout en refusant Marine Le Pen, qui fait dix fois son score), et financièrement, les faux opposants continuent d’enfumer des jeunes et de les lancer contre des murs de flics. Au bout du compte, des Clément Méric, complètement manipulés, y laissent leur vie. Pour le compte de la collusion entre une artificielle opposition radicale et le pouvoir profond « français ».
- Extrait du clip des JAC, les jeunes anticapitalistes, avec un bandeau publicitaire incongru
À l’inverse de la fachosphère, déconnectée du pouvoir puisqu’elle en est l’antithèse, et pour cause, elle contient la lucidosphère, autrement dangereuse, qui lui a été associée de force, par le biais d’un amalgame diabolisant, « l’extrême gauche manipulée » fait partie de l’arsenal de tromperie politique dont use le Système. Et par Système nous entendons la mécanique de l’exercice du pouvoir profond. Ce pouvoir structurel, qui se fout bien du pouvoir conjoncturel, qui lui est totalement dévoué – on le voit aux dîners du CRIF et dans les déclarations de soumission de nos tristes ministres –, peut financer n’importe quel mouvement populaire factice, même si les électeurs l’ignorent le jour du vote. C’est à ce moment qu’on peut d’ailleurs mesurer la réalité d’un tel « mouvement ». Moment terrible pour les imposteurs, surtout pour leurs naïves victimes...
On se retrouve ainsi avec une double incongruité politique : un parti réel, populaire, le Front national, qui fait plus de 20% des voix, et qui est maltraité médiatiquement, et un autre parti, artificiel celui-là, impopulaire de fait, qui jouit d’une représentativité médiatique disproportionnée. Ne parlons même pas d’un mouvement comme E&R qui, à influence égale, devrait bénéficier d’un traitement médiatique dix fois plus important que le NPA. Il ne s’agit pas de jalousie, mais de logique comptable politique. Qui est évidemment, comme chacun sait, totalement bafouée. La proportionnelle médiatique n’étant pas appliquée. Et ne comptons pas sur le CSA pour broncher, dans ces conditions. Quand on sait comment ces « indépendants » sont choisis...
Le clip des jeunes anticapitalistes, une mouvance internationale du NPA :
La fonction première du NPA ou de ses métastases est donc de capter la contestation sociale, comme on le voit sur la vidéo, afin de la... neutraliser. La contestation qui entre dans le dispositif « extrême gauche » est calibrée, réduite à quelques slogans sympathiques mais stériles, sans aucune portée, car ils ne touchent pas le pouvoir réel ou désignent un pouvoir lointain, difficile à toucher, trop nébuleux pour être honnête. Quand on ne nomme pas les choses, c’est qu’on veut les ignorer. Et même en disant « les banques », « le capitalisme », « les riches », on n’a pas fait le chemin jusqu’au bout. Les banquiers, capitalistes et autres milliardaires rigolent bien !
Mais, dans les périodes de doute ou d’augmentation de l’angoisse sociale, ce qui est le cas actuellement, les pièges de captation de la contestation ne suffisent plus. La machine est débordée. Instinctivement, cette sale Bête qu’est le peuple s’en détourne, après l’avoir reniflée. D’ailleurs, le peuple se fout royalement de Besancenot et de son activité de routine théâtrale. Pour les gens sérieux, une autre explication s’impose, qui ne mène pas à trois marches dans la rue ou un pavé jeté sur les flics. Alors pour trouver une vision claire de leur situation, et leur avenir, les sceptiques et les déçus de la gauche piégeuse se tournent vers des sources d’information différentes, généralement interdites ou écartées par le règlement médiatique du pouvoir réel. Là, ça devient subitement sérieux.
C’est à ce moment-là que le pouvoir réel, structurel, ou profond, et on pèse nos mots, monte la barre d’un cran, en créant du terrorisme comme il a créé sa propre opposition, apparence démocratique oblige. Le terrorisme n’est ni plus ni moins qu’une radicalité supérieure, afin de, non plus essayer de capter la contestation qui gronde, car ce n’est plus d’actualité, mais de la neutraliser par des chocs. Des électrochocs, comme le pratiquait encore il y a peu cette bonne vieille psychiatrie. D’où notre définition : le terrorisme est la réponse du pouvoir profond qui a perdu le contrôle de la contestation. Où l’on comprend que le pouvoir change de taille de bâton. Pas contre les terroristes, ces figurants provisoires qui ne comprennent rien à ce jeu supérieur, dont ils sont les pantins, mais contre le peuple en demande de sécurité… sociale.
L’État profond a besoin de terrorisme
« Extrême gauche » et « terrorisme islamiste » sont deux usines à décrédibiliser la gauche et tourner la colère sociale anti-hiérarchique vers les musulmans... à l’image de l’État islamique, trouvaille des communicants de l’Empire, destinée à criminaliser la République islamique d’Iran. Extrême gauche et terrorisme islamiste, deux armes du pouvoir profond français. Rappel : il y a 40 ans, le terrorisme issu de la contestation sociale était logiquement d’extrême gauche ; disons qu’il en était la tendance radicale.
Aujourd’hui, ce terrorisme a été, en apparence seulement, dépolitisé, puisqu’il n’a pas officiellement de revendication politique. Entre-temps, sous le précédent gouvernement d’alternance – l’alternance, elle, étant par définition invariante en cas de changement –, le pouvoir avait tenté, assez lamentablement, d’exhumer un mort-vivant, le vieux terrorisme d’extrême gauche (affaire Tarnac en 2008, et ses sept ans d’instruction inutile). Comme quoi, on a toujours besoin d’un plus terroriste que soi.
Or, sa revendication est celle du pouvoir profond, dont elle recoupe le besoin fondamental, la croyance : ne touchez pas à notre légitimité de dominants, et continuez à croire en la Démocratie, même si elle a un visage de plus en plus repoussant. Le terrorisme n’est qu’un moyen de pression supérieur, un (r)appel à l’union sacrée, qui suit inévitablement tout crime « aveugle », entre pouvoir et peuple. En vérité, Besancenot et Abaaoud font partie d’une même stratégie, à leur corps défendant. Car s’ils (en) étaient conscients, ils ne joueraient pas le jeu cynique de la dominance... dans lequel, dans tous les cas de figure, ils seront perdants.
Ainsi, extrême gauche et terrorisme, qui étaient autrefois soudés, forment aujourd’hui deux entités, mais à la complémentarité parfaite, et qui se rejoignent dans leur finalité, en ce sens qu’elle sert le pouvoir profond, que l’on peut apercevoir dans les moments de crise, moments où le peuple doute de la dominance (c’est là la vraie crise), quand la répression monte d’un cran. Le pouvoir conjoncturel laisse alors soudain la place au pouvoir structurel, qui ne fait pas dans la dentelle.
Aux victimes du terrorisme d’État profond, que ce soit Clément Méric, ou les 130 du 13 novembre.